jeudi 19 mai 2016

Expressions / Impressions

Clément Peretjatko, Kabar 19-05-2016
S'il y a des îles qui dépaysent grandement, Madagascar en fait parti. À la croisée de l'Afrique et de l'Océanie, ce sont tout mes sens de voyageurs qui s'illuminent. Installé dans un touk touk made in china que les Malgaches conduisent sur le sable rouge que foule mes pieds de waza, les cultures s'entrechoquent sous mes yeux et m’ébouillantent au delà de la rétine.
J'ai lu sur un mur de Diégo Suarez : "le voyage se prévoit mais la rencontre de la douceur reste imprévisible". C'est ce mélange en ébullition, cet imprévisible que j'ai cherché à mettre en scène. J'ai eu la chance de travailler avec trois acteurs malgaches provenant de différentes régions de l'île, un chanteur-musicien burkinabé, deux constructeurs de marionnettes, l'une française et l'autre belge. Il a fallut trouver l'unisson de nos imaginaires teintés du paysage de Diégo pour s'emparer de l'écriture sensible, poétique et imagée que Lolita Monga nous a préparé comme une sauce créole.
Dans les images de Lolita, les jeunes sirènes rêvent de chevaucher des 4x4 et se font belles pour partir, la nuit, à la pêche aux vieux carangues. Un voyageur prend le rôle de l’étrange étranger et cherche à se baigner dans la bais de Diégo pour purifier sa petite cicatrice. Une famille malgache réconforte, selon la tradition, une jeune fille dont le nouveau né est parti avant ses premières dents de lait.
Dans les images que nous avons construitent, ce sont des bancs de poissons qui dansent sur des étales où les billets de banques s'entrechoquent, des coquillages sonores, une sirène à deux queues, des chants électriques et une marionnette qui se désagrège pour mieux nettoyer sa plaie.
Les voix de la marionnette est une résidence qui s'adresse aux voyageurs aguerris, pour qui l'art de voyager se confond avec celui de créer. C’est une chance d’en être !


Leonor Canales, Kabar 19-05-2016

A travers et grâce au texte d’Éric j’ai voulu rendre visible la vie à Diégo.
Avec tous ses paradoxes, sa complexité, sa beauté…
Le voyage que nous vous proposons est une plongée dans les petits détails du quotidien, dans la force mora mora des malgaches, leur inventivité face à la précarité, leur douceur de vivre…
Je remercie Filip et Stéphanie de m’avoir embarquée dans cette magnifique aventure.
Merci à mon équipe Mouna, Prisca, Stephano et Samantha pour leur confiance, merci à tous les artistes de la Voix de la marionnette pour rendre concret cette belle utopie : ZUT ! je me tais… laissons les voix de la marionnette parler pour nous.

D'abord, les kabary...

1er kabary: Lucas Malcor, directeur de l'Alliance française de Diégo Suarez

2ème kabary: Stéphanie Lefort, organisatrice des Voix de la marionnette


3ème kabary: Filip Auchère, directeur artistique des Voix de la marionnette

4ème kabary: Clément Peretjatko, metteur en scène des Voix de la marionnette, Lyon

5ème kabary: Leonore Canales, metteure en scène des Voix de la marionnette, Brest


Restitution !




Je reviendrai plus longuement sur l'événement. Juste avant, moins d'une heure avant, la Jirama nous joue la blague du grand délestage: Diégo Suarez plonge dans le noir.
 Tout le monde étant confiant (l'habitude, sans doute), on a croisé les doigts et rivé nos yeux sur les lumières de la ville. Et puis, 30mn plus tard, les groupes électrogènes se sont tus.
Et la lumière fut.

Alléluïa.


mercredi 18 mai 2016

Le groupe au (presque) complet

Sous le chapeau, une quinzième personne, absente mais indispensable: Didier Balsaux


Indispensables également, de gauche à droite et de haut en bas: Sarah Saighi (Vidéaste - France), Vivienne Rasoanirina (Comédienne - Madagascar), Onasis Wendker (Musicien - Burkina Faso), Jean-Luc Rakotobe (Comédien - Madagascar), Pauline Marc (Plasticienne - France), Prisca Miarinirina (Comédienne - Madagascar), Filip Auchère (Directeur artistique - France), Mounawar (Musicien - La Réunion), Stéphanie Lefort (Organisatrice - France), Stephano Boudi (Comédien - Madagascar), Cleopatra Rasoafara (Comédienne - Madagascar), Leonore Canales (Metteure en scène - France/Espagne), Samantha Randrianasolo (Comédienne - Madagascar), Clément Peretjatko (Metteur en scène - France).

Sans oublier: Lolita Monga (Auteur - La Réunion) et Eric Dama (Auteur - Madagascar)


mardi 17 mai 2016

17 mai 2016 - Le veluma de Didier



La sensation du temps accordéon est un phénomène qui m’étonnera toujours.
Je mesure le temps qui passe à la diminution du nombre de pilules dans mes plaquettes de malarone. C’est l’opercule d’aluminium déchiré, laissant le petit réceptacle vide et légèrement cabossé, qui me rappelle la course des jours et je suis très surprise de la rapidité avec laquelle les lundis succèdent aux dimanches.

Du lundi au dimanche, je recompte le nombre de pilules déjà prises, pour être sûre de ne pas avoir sauté un jour.

Sauter un jour.
Si seulement on pouvait sauter par-dessus les jours ! Pas pour aller plus vite, mais pour aller plus haut. Observer d’en haut nos corps en pleine action. Celui qui peint, celui qui sourit, celui qui cuisine, celui qui boit, celui qui danse : on ne verrait que des sommets de crâne et on devinerait dans quelle direction ça court. On ne verrait pas ce que ça pense, mais on verrait ce que ça fait. Et à force de voir ce que ça fait, on devinerait ce que ça rêve.

Le rêve avance et les jours passent. Les Voix s’accordent : de très jolies propositions surgissent du plateau, les comédiens prennent de l’assurance, on le sent dans leurs gestes qui dessinent des intentions de plus en plus précises.

Ce soir, Didier fait son veluma.

Sortie de résidence: l'affiche 2016


lundi 16 mai 2016

16 mai 2016 - Azafady



Quel calme aujourd’hui.
Normal, c’est un lundi cathofestif en raison d’une Pentecôte divinement sanctus spiritus quoique massivement flemmardisée.

Le Zegny’Zo a clôturé sa dixième édition, le soufflé retombe, chacun rentre chez soi, il y aura moins  à manger pour les moustiques, en tout cas moins de peaux vazah.

L’Alliance ouvre une petite brèche et les Voix s’y engouffrent. Les Voix ayant horreur du vide, elles remplissent l’espace de félins mousseux, d’une femme marinée à double terminaison, de poissons affublés d’appendices nasales qui rappellent les vieux sacs mous de nos mégères pastorales.
A propos : Diégo tourne le dos à la mer, aux poissons et aux sirènes. Pour autant, elle ne s’ouvre à aucune campagne. Ou alors il y a longtemps, et c’était des campagnes militaires. Pour autant elle creuse des désirs d’ailleurs, elle ne jette pas l’ancre (ni ancre, ni gouvernail), ses matelots ont la main en visière au-dessus de leurs yeux, guettant l’horizon, chaque nuit debout sur le pont du bateau, là-haut sur une terrasse de voyageurs de passage, voyageurs éphémères, azafady! on ne dérangera pas longtemps, merci pour ce moment, c’était joyeux mais nous ne sommes pas d’ici. 

Pour autant les Voix s’épanouissent.
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