jeudi 5 mai 2016

4 mai 2016 - Déluges


Les nuages rongent leur frein.
La ville est agitée.  Vendeurs de chapeaux de paille, vendeurs de beignets, vendeurs de crédit téléphonique, aussi des arachides, aussi crêpes, savates, et encore des légumes, des flacons, des tampons, des objets en plastique faits en Chine, des DVD et aussi des téléphones, des moteurs, des cigarettes, bon sang oui, des cigarettes, du miel et des fruits, surtout bananes et oranges : tout ça sur les trottoirs de la ville, alors ça fait du monde qui remue. Le ciel s’épaissit.
Dehors les bruits sont des bruits de la ville, alors que dedans, à l’Alliance française, on a les bruits du chantier. On se croirait chez un dentiste pour brontosaure.

Les gros feutres se balancent doucement devant les papiers marrons clair scotchés au mur : tiens, quelqu’un a écrit. Si on se met à écrire sur les murs, c’est bon signe : les Voix de la marionnette, c’est vraiment parti. Il fait lourd.

L’après-midi avance avec le jour : c’est mercredi, c’est les enfants.
Un, puis deux, puis dix, puis… on ne s’entend plus : leurs voix à eux ont pris le pouvoir sur le silence qui se réfugie on ne sait où, peut-être dans le bureau du directeur, mais ça n’est même pas sûr. 



Le ciel se déchire.
L’eau se répand partout sur les trottoirs et dans les trous.
Devant les murs recouverts de papier, les enfants se déchaînent. Ils dessinent, écrivent leur nom, et     aussi une jolie supplique pour la paie (sic) dans le monde. Les filles font des fleurs et les garçons font des garçons. Façon manga, cheveux en pétard et grands yeux ronds.
A la fin, il n’y a plus ni silence ni un coin de papier vierge : les intrus ont pris le pouvoir, ils sont partout et c’est tant mieux.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

back to top